

« Le
tourisme polaire connaît un début de massification (…)
Chaque année, plusieurs centaines de milliers de visiteurs
débarquent dans l’une des nombreuses destinations prisées
des régions polaires. Pour nombre de ces voyageurs, les
régions polaires – l’Antarctique en particulier –
représentent non seulement le bout du monde géographique,
mais aussi la fin de l’imaginaire. »
( A.A GRENIER, 2009 )
L’attraction touristique des régions polaires est
relativement récente .Mais on peut considérer que beaucoup
d’explorateurs, de scientifiques, de chercheurs d’or, d’écrivains et d’artistes qui s’aventurèrent dans les
régions polaires au début du siècle avaient beaucoup de
traits des touristes actuels. La publication des récits de
leurs périples dans les régions arctiques contribuèrent
largement à attirer l’attention du public sur ces régions .
Aujourd'hui le
tourisme polaire tire aussi une part de son succès de la
diversité
de
sa clientèle. Outre le facteur budgétaire, le tourisme
polaire ne discrimine plus entre les âges ou la forme
physique. Jadis réservé aux plus aventuriers en raison des
défis physiques que représentaient l’accès à ces régions,
les distances et les conditions de séjour, le tourisme
polaire offre aujourd’hui une gamme de produits diversifiés,
répondant aux besoins d’une gamme variée de touristes. « L’organisation
du tourisme polaire autour de circuits établis et des
services en milieu urbain permet du coup l’accueil d’un plus
grand nombre de visiteurs et d’une clientèle plus
diversifiée (…) » ( A.A
GRENIER, 2009 ) .
En 1827
Le Tourisme polaire prit naissance quand Robert Everest , un
explorateur himalayen , visita le Cap Nord à l’extrémité de
la Norvège .Le premier voyage commercial organisé à
destination de Svalbard ( Norvège ) survint en 1871.En 1907
l’artiste et naturaliste Ernest Thompson effectua un
voyage de 5000 kilomètres en canoë à travers le Grand Nord
canadien .En 1909 Agnès Dean Cameron , une institutrice
retraitée de Chicago, réalisa un périple à travers le Nord
du Canada avec le soutien de la Compagnie de la Baie
d’Hudson.
Dans les
années 1920-1930 le nombre de visiteurs dans les régions
polaires augmenta régulièrement et de plus en plus
nombreux furent les voyageurs à s’aventurer de plus en plus
loin vers le nord du Canada, de l’Alaska et de la
Scandinavie. En 1937 le voyage dans l’arctique canadien du S.S Nascopie armé par la Compagnie de la Baie d’Hudson
permit l’embarquement de 22 passagers ( sur 150 ) classés
comme « official tourists » .Dans les années 1930 «Thomas
Cook and Sons » informaient le public qu’ils pouvaient
organiser des croisières d’agrément à destination du
Spitzberg , de l’Islande et du cap Nord .Entre 1935 et 1939
la destination touristique de Abisko en Suède, sur la ligne
ferroviaire Luléa-Narvik ,attirait en moyenne 10 000 à 15
000 visiteurs par an .
La
Seconde Guerre Mondiale attira l’attention vers les régions
les septentrionales et entraîna la construction de
l’ «Alaska Highway» qui procurait aux touristes un moyen
d’accès facile vers l’Alaska et le Yukon. Une desserte sans
cesse améliorée de ces régions septentrionales , encouragea
l’expansion du Tourisme vers les régions polaires au cours
des années 1950.
La vogue
récente de l’écotourisme a accru l’ampleur de ce phénomène .
Hall et Johnson note : « For numerous reasons , it is
impossible to estimate worldwide number of visitors in the
Arctic and sub-Arctic .
The boundaries of areas for which statistics are collected
, often in different ways, do not coincide with most
definitions of Arctic or sub-Arctic
”.Il est difficile d’estimer à
l’échelle mondiale le nombre de visiteurs des régions
arctiques .Huit pays possèdent des territoires dans ces
zones et , à l’exception du Groenland et de l’Islande, les
régions et/ou les pays concernés n’établissent pas de
distinction spécifique pour ce type de tourisme .On estime à
environ 100 000 le nombre annuel de touristes dans les
régions arctiques. Beaucoup de destinations vers l’Arctique
sont dépourvues de postes frontaliers ou d’autres moyens
appropriés permettant de comptabiliser les flux .Par
ailleurs s’il est facile d’obtenir les effectifs de
passagers des grandes croisières, il est plus difficile
d’obtenir ceux des yachts indépendants et des petites
unités commerciales . Cependant le « World Wildlife Fund for
Nature» (1998) procurait des données :Alaska arctique :
25000 visiteurs , Yukon ( Canada ) : 177000, territoires
du Nord-Ouest (Canada) : 48000 , Groenland : 6000,
Svalbard : 35000, Scandinavie septentrionale : 500 000,
Russie (estimation) : 10000. La Scandinavie constituait
la première destination , suivie par les territoires du
Nord-Ouest ( Canada ) .De nombreuses données sont
disponibles pour certaines régions polaires. On estime ainsi
que les territoires du Nord-Ouest avaient reçu 600 touristes
en 1959 et 56000 en 1992 ( 85 % venant durant l’été )(1988 : 33000, 1989 : 47600, 1990 : 47600, 1992 : 47600). En Islande le nombre de touristes a plus que triplé
entre 1970 et 1995 passant de 50000 à 165000 visiteurs .
La progression est aussi notable au Spitsberg où
l’augmentation est de l’ordre de 12% par an ( plus de
30000 personnes ) depuis les années 1990. Le cap Nord a
reçu 140000 visiteurs en 1988 et 224000 en 1993.
L’arctique sibérien s’ouvre aussi au Tourisme, la plupart
des touristes voyagent à bord de brise-glace à propulsion
nucléaire qu empruntent la voie maritime du Nord . Le
Tourisme de croisière en Alaska qui débuta à la fin des
années 1950 (1957 : 2500 touristes) atteignait 250 000
touristes en 1994 . Hall et Johnston remarquaient que
«
northern destinations with
greater road access have correspondingly higher tourist
numbers ». Ce qui explique les
500 000 touristes de l’Arctique norvégien et la grande
popularité du Yukon (accessible par l’ «Alaska Highway » )
comparée à celle des territoires du Nord-Ouest. Actuellement
le nombre de touristes dans les régions polaires arctiques
et subarctiques est en forte croissance. Les voyages
s’effectuent par voies maritimes ou aériennes , mais aussi
par vies terrestres car beaucoup de liaisons routières
desservent de nombreuses régions arctiques .La présence
d’une nature sauvage et inviolée reste le principal point
d’attraction. La pêche et la chasse sont aussi des marchés
importants en dépit de la montée en puissance d’une éthique
environnementale qui s’oppose à ces pratiques .
L’exemple du Yukon ( Alaska ,
États-Unis ) est particulièrement démonstratif . Le
territoire du Yukon couvre 484 000 km2 soit 5% de la
superficie totale du Canada .A l’exception d’une petite
portion dans l’extrême nord, le Yukon fait partie de la zone
biogéographique sub-arctique .Le Tourisme est devenu un
secteur majeur de l’économie de ce territoire .Près de la
moitié des entreprises du Yukon sont concernées par le
Tourisme et le Tourisme est le premier employeur du secteur
privé pour le territoire . 50 % de la population active du
Yukon est directement ou indirectement liée au Tourisme .On
estime le nombre de visiteurs annuels entre 175 000 et 195
000 .C’est à partir des années 1980 que le Tourisme et la
Vie sauvage ont été inclus dans les plans de développement
du territoire .Le rôle du Tourisme a été clairement défini :
«wilderness provides the
essential character of this region (among other functions) its forms a central them for our tourist industry »
(Yukon department of renewable resources , 1990, p. 23
).L’industrie touristique doit : -développer un faisceau
d’opportunités pour permettre l’observation et
l’interprétation de la vie sauvage à la fois dans
l’arrière-pays et le long des grands axes routiers , -établir des programmes d’interprétation pour informer les
touristes sur la Nature et la vie sauvage du Yukon , -développer des activités permettant aux visiteurs de se
familiariser avec la Vie sauvage .Les motivations des
visiteurs du Yukon sont diverses. Une enquête effectuée
auprès d’un échantillonnage représentatif de la population
touristique du territoire (début des années 1990) révélait
cependant que 66% des touristes venaient pour les paysages
et la nature sauvage, 36,2% pour l’histoire de la ruée
vers l’or du Klondike, 33,8% pour les parcs nationaux,
30,7% pour l’histoire et la culture indigène , 27,5% pour
les activités de randonnée .
Dans les
territoires du Nord-Ouest (Canada) la fréquentation
touristique a connu aussi une hausse notable passant de 600
visiteurs en 1959 à 47600 en 1989 . La contribution de ces
visiteurs à l’économie du territoire du Nord-Ouest est
importante . En 1995 l’industrie touristique dans les
territoires du Nord-Ouest générait U.S $ 54 millions de
revenus et participait pour 2,7% au produit territorial
brut . 2500 résidents ( soit 1 sur 20 ) étaient directement
ou indirectement employés dans le Tourisme .Le Tourisme
occupe le troisième rang des exportations du territoire
derrière les minerais et les hydrocarbures . Les activités
traditionnelles de chasse et de pêche continuent d’être
importantes mais un nombre croissant de visiteurs sont
intéressés par l’observation de la vie sauvage .Chaque année
plus de 20 000 touristes visitent Churchill ( Manitoba )
durant la période propice à l’observation des ours polaires
(entre le 1er octobre et le début de novembre ).
Ils viennent observer 20 % de la population mondiale des
ours polaires qui se rassemblent sur les rivages de la baie
d’Hudson pour chasser le phoque au moment où se forme la
banquise . L’écotourisme est aussi tourné vers l’observation
des oiseaux durant les mois de mai et de juin .
L’observation de la vie sauvage est un secteur qui est aussi
exploité dans le territoire du Yukon. C’est que l’on estime
à plus de 250 000 le nombre de touristes , essentiellement
des croisiéristes , qui viennent observer chaque année la
vie sauvage sur le littoral de cette région.

LES
CROISIERES DANS L’ ARCTIQUE
Le marché
de la croisière est en pleine expansion. En 1971 500000
américains du nord étaient partis en croisière .Ce chiffre
atteint aujourd’hui plus de 4 millions. Pour la seule
période 1980-1987 le nombre de passagers de croisière
embarquant depuis des ports nord-américains est passé de
1,43 millions à 2,88 millions, soit un taux de croissance
annuel de plus de 10%. Des croisières à destination de
l’Antarctique sont offertes à des tarifs relativement bas .
En décembre 1992 « Blyth and Company Travel » offrait une
croisière en Antarctique à bord du navire canadien « M.V Northern Ranger » à des tarifs débutant à U.S $ 2995 par
passager alors que les tarifs habituels pratiqués
avoisinaient U.S $ 5900, dépassant parfois U.S $10.000 .Le
nombre de croisiéristes embarquant dans les ports
nord-américains est passé de 5,1 millions en 1994 à 6,1
millions en 1997 et à plus de 10 millions en 2000 . Les
régions de croisière incluent généralement les Caraïbes ,
les Bahamas, la Riviera mexicaine et le canal de Panama
ainsi que le bassin méditerranéen et l’Alaska . Les Caraïbes
sont, de loin, la destination la plus populaire. D’autres
régions qui, historiquement, n’étaient pas des
destinations majeures , ont gagné récemment en popularité :
l’Amérique du Sud, le nord-est des Etats-Unis ainsi que
les régions polaires de l’Arctique et surtout du Canada
Arctique.
La
première croisière dans le Canada arctique fut organisée par
Salen Lindblad en 1984. Le « M.S Lindblad Explorer » avec
98 passagers traversa le passage du Nord-Ouest d’est en
ouest. La croisière suivante à travers le passage fut
effectué par le «World Discover» embarquant 140 passagers, en 1985. Il fallu ensuite attendre 1988 pour que de
nouvelles croisières soient organisées . La «Society Expeditions »
organisa une croisière à bord du «Society Explorer »
avec 100 passagers à travers le passage en 1988. La
même année le « Special Expeditions » organisa une
croisière à bord du « Polaris » avec 80 passagers le long
des côtes du Groenland et de l’île de Baffin . Durant
l’année 1992 5 croisières furent proposées, dont celle
organisée par « Blyth and Company Travel » à travers le
passage à bord du «Kapitan Khlenikov », un brise-glaces
de la compagnie de navigation d’Extrême Orient appartenant
à l’ex-Union Soviétique .
Le tourisme ne cesse de connaître une
progression exponentielle en Arctique. En Arctique, le
nombre de touristes est passé d’environ 1 million au début
des années 1990 à plus de 1,5 million en 2007. Alors qu'on
dénombrait 28 190 visiteurs au Svalbard norvégien en 2003,
ils étaient 80 000 en 2009. 150 000 touristes présents sur
70 bateaux longent chaque année les côtes du Groenland dans
les années 2010. Au Canada, la première croisière le long de
la route du Nord-Ouest remonte à 1984. En 2007, 12 navires
assuraient un service touristique dans la région. En Russie,
il est possible d'effectuer une croisière à bord d'un
brise-glace nucléaire. Enfin, le tourisme pédestre attire
les amateurs de nature en Alaska : écotourisme, chasse,
trekking, parc naturels... Pour leur part, les voyages
aériens ont connu une progression de 430 % entre 1993 et
2007. Le nombre des croisières est lui aussi en forte
augmentation, on est passé d'un million de visiteurs dans
les années 90 à 1,5 million au début des années 2010. On
dénombre environ une vingtaine de croisières par an
effectuées à bord de navires à coque renforcée ou de
brise-glaces russes loués pour faire du tourisme. Le
potentiel touristique des croisières polaires est certain.

%20%20From%20ArcticData%20Download%20by%20Arctic%20Council%20CAFFPAMEAAAA.jpg)
(Les zones
d'activité marines de l'Arctique source : Arctic Council
CAFFPAME )
LES PARCS
NATURELS DANS L’ARCTIQUE
Parmi les
premiers espaces naturels protégés beaucoup furent établis
dans les régions polaires au début du XXe siècle. Les
premières zones protégées au nord du 60e degré
furent établis en 1909 avec la création de quatre parcs
nationaux en Suède . dans les quarante années qui suivirent
16 autres sites furent protégés .Quant à la Finlande elle
créa 12 zones naturelles protégées en 1956.
En 1985
175 zones protégées étaient attestées au nord du 60e
degré ( d’une superficie supérieure à 1000 hectares ou d’un
superficie supérieure à 100 hectares , mais comprenant des
îles ). Les deux grands pays de la région , la Russie et le
Canada, possédant moins d’espaces protégés que les pays
nordiques plus petits et les dimensions de ces espaces
protégés variaient énormément : depuis le parc national du
Groenland ( 70 millions d’hectares ) aux 15 réserves
ornithologiques de Svalbard totalisant 19000 hectares . En
Europe c’est la Suède qui a su le mieux préserver ses grands
espaces polaires. Outre son rôle de pionnier dans la
constitution des premiers parcs nationaux en Europe, c’est
en Suède que furent créées, dès 1932, 2 réserves
floristiques au Spitsberg et, depuis 1973, l’archipel du
Svalbard comporte 3 parcs nationaux, 2 réserves naturelles
et 15 réserves ornithologiques .
En 1998
la Norvège possédait 21 parcs nationaux, la Suède 25 , la
Finlande 32 et la Russie 23. La région de la Toundra circum-arctique est seulement représentée par 2 parcs
nationaux à Svalbard (Suède ) , mais aucun encore en Russie. La région forestière circum-boréale offre 61 parcs dont 6
sont parmi les plus grands parcs nationaux d’ Europe ,
couvrant 5,3 millions d’ha.

Au Canada
les premiers parcs nationaux se développèrent dans des
lieux facilement accessibles par le rail et situés au sud
et à l’ouest du pays .Les parcs les plus récents ont été
développés pour protéger des espèces menacées (Wood
Buffalo ( territoires du Nord-Ouest ), 1992), servir la
demande provinciale de loisirs (Les Prairies ) et aider
le développement économique local ( Les Maritimes) . Dans
les années 1970 la volonté de protéger des écosystèmes
menacés a amené la création de nombreux parcs dans le nord
du pays .Trois parcs ont été créés en 1972 ( Auyuittuq,
Kluane, Nahanni ) et 5 autres ont été établis depuis (
Ivavik, Ellesmere Island, Vuntut , Aulavik et Tuktut
Nogavit ) .
En Alaska le premier « major tract of ground set aside
purposely to preserve an area for its oustanding wildlife, scenic and other natural values »
fut le parc national du Mont McKinley (aujoud’hui Denali )
créé en 1917 .Un an plus tard était créé le Katmai national
monument et en 1925 le Glacier Bay national
Monument .Le « Alaska national interest
lands conservation Act » de
1980 étendit largement le système des parcs et des zones
protégées dans cet état et, à ce jour, le 1/3 de
l’Alaska est inclus dans des zones de protection de la
nature , la moitié environ de ces territoires sont situés
dans l’Arctique .
Les parcs des régions polaires offrent
aux touristes, outre le spectacle d’une nature sauvage , de
nombreux sites historiques et la possibilité de rencontrer
des communautés autochtones qui vivent souvent dans des
territoires adjacents aux parcs .Le Katannilik Territorial
Park dans les territoires du Nord-Ouest a été décrit comme
un lieu où «adventurers may
play and tourists find solitude »
(Moss, 1994, p. 11 ) .
Les parcs
des régions polaires , comparés à ceux d’autres régions du
Monde , attirent relativement peu de touristes . Le parc le
plus populaire du nord du Canada, Kluane National Park,
accueille 70 000 touristes par an environ ; le moins
fréquenté, Aulavik, en reçoit une cinquantaine seulement
chaque année . Durant la dernière décennie (1990-2000) la
fréquentation totale des 7 parcs est resté d’environ 80 000
visiteurs par an .
La
fréquentation des parcs naturels de l’Alaska est plus élevée. Glacier Bay National Park dans le sud de l’Alaska a reçu
405 246 touristes en 1998 ( dont 339 406 venus en croisières
) .Katmaï National Park 45 000 visiteurs , Wrangell St.
Elias National Park 25 000 visiteurs, …D’autres cependant
ne recevaient que peu de touristes , ainsi Gates of the
Arctic National Park ( 4 000 visiteurs ).
Les
impacts du Tourisme sont variables selon les sites mais le
Tourisme a provoqué des problèmes dans de nombreuses régions
et nombreux parcs naturels des zones arctiques. Les milieux
polaire sont particulièrement vulnérables aux agressions
humaines . Ainsi les sols, spécialement le permafrost, et
la végétation polaire sont particulièrement sensibles à
l’impact de la fréquentation humaine et, en particulier,
aux passages des véhicules à moteur , mais aussi aux
passages des randonneurs pédestres ; en Scandinavie les
dégâts s’observent aux abords des routes où le passage
répété des randonneurs et des véhicules 4X4 endommagent la
faune et la flore . Parmi les différentes solutions figurent
l’interdiction d’accès aux zones les plus vulnérables , la
fermeture des zones fragiles ou des restrictions apportées
aux activités de loisirs .En Scandinavie des phénomènes de
« mitage » des campagnes ont été observés jusque sur les
marges septentrionales de la forêt boréale où de nombreux
norvégiens possèdent leur résidence secondaire («cabane
en Laponie »). Le phénomène s’observe aussi en Finlande où
le nombre de résidences secondaires a été multiplié par 4 de
1970 à 1990.
La vie
sauvage dans les parcs naturels des régions polaires peut
être mise en danger par les humains , mais elle est aussi
souvent la première attraction pour les touristes .Ainsi une
attraction importante dans certaines zones polaires est la
pêche sportive .Mais les eaux polaires ont une productivité
limitée aussi une gestion de cette activité s’est -elle
révélée nécessaire pour assurer le maintien des stocks de
poissons. Dans le parc national de Katmaï ( Alaska ) un
permis de pêche est délivré par l’État, sa possession est
exigée par ailleurs le relâchage des animaux après capture
est encouragé et des quotas ont été établis dans certains
sites .
L’augmentation du nombre de touristes augmente aussi les
quantités de déchets .Or les climats froids et le sol gelé
en permanence inhibent les mécanismes naturels de
décomposition .
Bien que
les régions polaires soient des étendues le plus souvent
inhabitées , de nombreux vestiges archéologiques et
historiques sont attestés en différentes régions. Ils sont
particulièrement vulnérables aux dégradations accidentelles
ou parfois intentionnelles. Les parcs de l’Arctique
entretiennent des sites archéologiques ou historiques
associés aux explorations, à la chasse à la baleine , au
commerce des fourrures , à la Seconde Guerre Mondiale, …La
plupart des parcs ont du se doter de corps de police, de
règlements et de plans de gestion destinés à protéger ces
sites. C’est ainsi que la Suède a prise des mesures
draconiennes pour protéger les monuments et les vestiges des
régions polaires : tumulus de baleiniers du XVIIe siècle,
croix orthodoxes dressées par les chasseurs pomores au XVIIe
siècle, bâtiments édifiés par les explorateurs des XIXe-XXe siècles, …Mais l’étendue des territoires à protéger
rend parfois ces mesures difficiles à appliquer , ainsi dans
le parc national du nord-est du Groenland qui couvre
972 000 km 2 (soit plus de deux fois la superficie de la
France ! ).

LE TOURISME DANS L'ANTARCTIQUE
Après un début
modeste en 1958, le nombre de croisiéristes antarctiques
s’est accru de 344 % au cours de la période 1995-2010,
tandis que le nombre de visiteurs terrestres a connu une
hausse de 917 % depuis 2000.
Puis il a chuté fortement à moins de 27 000 en 2011-2012,
pour remonter à 34 000 en 2012-2013. De moins de 5 000 en
1990, ils sont désormais 40 000 par an.
Les visiteurs se rendent principalement
dans les zones non recouvertes de glace de façon permanente,
qui représentent moins de 1 % de la surface de
l’Antarctique. Ces zones abritent la plupart de la faune et
la flore répertoriées sur le continent.
On rencontre deux types de tourisme :
soit la croisière d’une semaine à dix jours au départ
d’Ushuaia avec une escale tous les jours sur le continent
Antarctique (au niveau de la
péninsule Antarctique ou Terre
de Graham), soit une circumnavigation d’une soixantaine de
jours. Le premier cas est le plus fréquent, se pratique
l’été, ne nécessite pas le recours aux brise-glaces. Son
coût est élevé mais reste moindre que la circumnavigation
(trois fois plus cher) qui nécessite entre-autre le recours
à des brise-glaces (russes, loués par des compagnies
américaines). Dans le cas des croisières avec escales, les
itinéraires ne sont pas garantis, ils sont décidés au jour
le jour, selon un
certain nombre de paramètres dont les conditions climatiques
et de navigation. Les intérêts touristiques de ces
croisières sont la navigation en tant que telle (sentiment
d’être seul au monde) et les sites à terre (flore et faune
-animaux - bases scientifiques, histoire des expéditions).
Les armateurs recensés par l’IAATO doivent satisfaire aux
protocoles "navire propre" et "passager propre". Ainsi seuls
les navires de moins de 360 passagers sont autorisés à faire
des escales avec débarquement par groupe de 100 passagers
maximum à chaque fois. Les débarquements se réalisent en
respectant scrupuleusement des consignes strictes : port du
gilet de sauvetage, comptage des touristes, briefing sur les
bonnes pratiques (porter des bottes lavées avant et après
l’escale, ne rien jeter, ne rien ramasser).

En 1991, sept « Tours opérateurs » se
réunissent aux Etats-Unis pour créer l’association
IAATO (International
Association of Antarctica Tours Operators),
l’objectif étant de définir un code de conduite des
visiteurs en Antarctique et encadrer l’activité touristique
sur ce
continent très peu visité et
très vulnérable. Depuis cette date, plus de 95% des Tours
Opérateurs qui proposent des séjours en Antarctique ont
adhéré à l’association, avec 110 membres en 2012.
L’association IAATO, en relation très étroite avec le Comité
des pays signataires du Traité Antarctique, participe aux
comités scientifiques, fait un état régulier des
observations sur le terrain, agit en cas d’évènement qui
pourrait être dommageable pour un site lui-même ou la faune.
Lors d’épidémies décelées sur une colonie, la zone peut être
fermée aux touristes. Dans le cas où un lieu devient est
victime de surfréquentation , des restrictions d’accés
peuvent être apportées, sur le nombre de visiteurs ou la
taille des bateaux. D’autre part, ne peuvent débarquer plus
de 100 personnes sur un même site, au même moment. Chaque
groupe de 20 personnes doit être encadré par une guide
spécialiste de la région.
L’absence claire de réglementation touristique, en plus de
son impact sur l’écosystème, est un problème car la zone
reste dangereuse pour le tourisme. Le navire russe Akademik
Shokalskyi
et ses 52 touristes
étaient
restés bloqués
par les glaces du 24 décembre
2013 au 2 janvier 2014.
En 2013 les pays les mieux représentés en
Antarctique restaient les Etats-Unis (31,1%), l’Allemagne
(11,1%), l’Australie (10,8%) et Royaume-Unis (10,2%). le
marché français était peu développé, il ne représentait que
qu’un faible pourcentage de visiteurs sur l’ensemble des
touristes, avec 2,9%.Un pays vient d’apparaitre récemment,
la Chine, avec 88 visiteurs en 2005/2006, les Chinois
représentaient en 2013 actuellement 6,8% des visiteurs.


1-Les sites de croisière les plus visités en
Antarctique ( 1997-1998 )
|
Port Lockroy ,
Wiencke Island |
6429 |
Whales Bay ,
Deception Island |
5344 |
Moon Bay , Half
Moon Island |
4382 |
Cuverville island |
4143 |
Almirante Brown
Station |
3991 |
Petermann Islands |
3866 |
Pendulum Cove ,
Deception island |
3426 |
Hannah Point ,
Livingstone Island |
3399 |
Gonz Videla ,
Waterboat Point |
2998 |
Aitcho Islands |
2499 |

2-Nombre total de touristes dans certaines
régions de l'Arctique au début des années 1990
|
Régions |
Nombre de
touristes |
Alaska arctique |
25000 |
Yukon Canada |
177000 |
Territoires du
Nord-Ouest , canada |
48000 |
Groenland |
6000 |
Svalbard |
35000 |
Scandinavie
septentrionale |
500000 |
Russie (
estimations ) |
10000 (
estimation ) |

3-Les touristes en Antarctique ( 1980-1999 )
|
|
Mer
|
Air |
Total |
1980-81 |
855 |
n |
855 |
1981-82 |
1441 |
n |
1441 |
1982-83 |
719 |
2 |
721 |
1983-84 |
834 |
265 |
1099 |
1984-85 |
544 |
92 |
636 |
1985-86 |
631 |
151 |
782 |
1986-1987 |
1797 |
30 |
1827 |
1987-1988 |
2782 |
244 |
3026 |
1988-1989 |
3146 |
370 |
3516 |
1989-1990 |
2460 |
121 |
2581 |
1990-1991 |
4898 |
144 |
4842 |
1991-1992 |
6317 |
178 |
6495 |
1992-1993 |
7037 |
185 |
7222 |
1993-1994 |
7597 |
59 |
8016 |
1994-1995 |
8090 |
120 |
8210 |
1995-1996 |
9212 |
155 |
9367 |
1996-1997 |
7322 |
91 |
7413 |
1997-1998 |
9473 |
131 |
9604 |
1998-1999 |
10013 |
n |
n |

4-Les touristes en Antarctique (
1980-1996 et 1992-2007 )
|



Conceptualisation du tourisme polaire : cartographier une
expérience aux confins de l’imaginaire par Alain Grenier,
Teoros, 28-1 | 2009 : Tourisme polaire, p.7-19. Le tourisme
polaire connaît un début de massification. Compte tenu des
grands espaces et des ressources naturelles et culturelles
relativement fragiles auxquelles il fait appel, ce tourisme
nécessite des modes de gestion particuliers. La création de
codes de conduite pour sensibiliser les visiteurs à
l’adoption de pratiques environnementales ne suffit t pas à
enrayer les comportements délinquants. En soutenant l’idée
que la gestion des ressources dont dépend un phénomène
social nécessite une compréhension de son concept, cet
article se penche sur la conceptualisation de l’expérience
du tourisme polaire. Celui-ci demeure non défi ni, sauf
peut-être dans une perspective géographique…..
Le
tourisme polaire et sa construction dans l’histoire : regard
centré sur les années 1930 par Denis JALLAT,
Teoros, 28-1 | 2009 : Tourisme polaire, p.21-28. En France,
le développement du tourisme dans les zones polaires
s’inscrit comme le résultat d’un « goût » pour les pôles qui
s’est progressivement construit dans la société au cours du
XXe siècle. Dans une période complexe, les années 1930, il
aura également permis de faire accepter à la population
française les politiques scientifiques mais aussi
géostratégiques que le pays mène dans les terres de glace.
La presse, et en particulier le presse scientifique grand
public, est alors utilisée afin de démontrer l’utilité pour
tous des recherches qui sont développées dans ces régions.
Les médias parviennent ainsi à banaliser la destination…..
TOURISM IN THE ANTARCTIC REGION. THE DILEMMA OF DEVELOPMENT
AND ENVIRONMENT PROTECTION by Zygmunt Kruczek, Current Issues of Tourism Research, Vol. 1,. STS
Science Centre, London 2011, s. 19-25. More and more often
the Antarctic constitutes the goal of exotic travel. The
tourists are attracted here by the entirely different
natural conditions, by incredible landscapes and natural
phenomena. Yet the reception potential relating to the
tourist movement in the Antarctic is limited. In an attempt
to preserve the local ecosystem, the Antarctic Treaty System
which assumes that the region will focus on the needs of
science and tourism, was introduced. The International
Association of Antarctic Tour Operators (IAATO), which
drafted the principles of the organization of tourism in
this region, is responsible for the coordination of the
tourist economy here. Towards the end of the first decade of
the XXI c., the number of tourists in the Antarctic region
has exceeded 40 thousand, which seems a maximum figure (the
boom phase in the Butler cycle) whereas a further growth of
tourism exploration should be restricted, as regards sheer
numbers and induced to introduce less harmful tourist
behavior from the point of view of environment protection….
CODE of Conduct for Arctic Tourists,
WWF International Arctic Program, 4 p.
Tourisme et environnement polaire : enjeux et perspectives
par Samuel Etienne,
11 p. Univers minéral et glacé, aux limites de la vie, le
monde polaire attire et attise l’imaginaire de l’homme
occidental depuis des siècles. Alimentée par une littérature
de voyages et d’explorations aux accents héroïques et/ou
dramatiques (Roald Amundsen, Robert Scott, James Cook,
Robert Peary, Ernest Shackleton), aux contenus
ethnographiques exotiques (Paul-Emile Victor, Jean Malaurie,
voire Jørn Riel), ou terres des derniers exploits des
aventuriers de l’ère contemporaine (Jean-Louis Etienne,
Laurence de la Ferrière, Nicolas Vanier), la destination
polaire ne cesse de fasciner. Cependant, de rêves fous
d’aventuriers intrépides à destination touristique grand
public vendue sur catalogue, le monde polaire aura fait au
cours du siècle passé sa « révolution démocratique », sa
fréquentation n’étant plus question de bravoure ou de
conditions physiques exceptionnelles, mais plus
pragmatiquement
de pouvoir d’achat…..
Tourism
in the Polar Regions.
The Sustainability Challenge by John Snyder.
UNEP & International Ecotourism
Society, 68 p. During the past two centuries tourism has
grown to become the single largest human presence in many
Arctic regions. Visitors to the Arctic now greatly exceed
their host population at many popular destinations, and
Arctic communities are increasingly reliant on the jobs,
income, and business revenues tourism generates. The Russian
Arctic and part of Canadian Arctic are the general
exceptions to this picture. Many Native Peoples,
particularly those recently attaining self-rule, view
tourism as a more sustainable economic endeavor than their
historically tenuous dependence on either subsistence or
resource extraction economies…..
Le
tourisme polaire, moteur pour le développement territorial
par Jean-Christophe Mellier,
2012, MASTER TOURISME - HOTELLERIE –
ALIMENTATION, Parcours « Tourisme et Développement »,
UNIVERSITÉ DE TOULOUSE II- LE MIRAIL, CENTRE D’ÉTUDES DU
TOURISME, DE L’HÔTELLERIE ET DES INDUSTRIES DE
L’ALIMENTATION, 100 p. Les récentes prises de conscience
écologiques ont mis en exergue la fragilité des régions
polaires auprès du grand public. Les pôles terrestres ont
toujours été des lieux de fascination pour l’Homme. Au début
du XXème siècle, les explorateurs ont attisé la curiosité
des foules au travers de leurs aventures. Ces territoires
avant tout étaient des espaces de conquête du point de vue
des occidentaux. Les conditions extrêmes de ces territoires
repoussent, font peur et éloignent. Plus récemment, les
scientifiques ont été les principaux acteurs de ces
territoires. Cependant, peu ont traité les sociétés
traditionnelles vivant depuis des générations au-delà du
pôle Nord et elles disposent aujourd’hui d’un vécu, d’une
expérience et d’une connaissance du territoire bien plus
poussée…
Arctic Economics in the 21st Century. The Benefits and Costs
of Cold by Heather A. Conley, A Report of the CSIS ( Center for Strategic and
International Studies ) Europe Program, July 2013, 74 p.
From the nineteenth century Alaskan gold rush to today’s
modern- day rush to explore for oil, gas, and mineral
resources, economic interests have and will continue to
powerfully shape the Arctic’s future development. As the
polar ice cap rapidly melts, the choices Arctic states make
regarding the development of these economic resources, the
protection of a fragile ecosystem, and the balance these
states strike between development and preservation will defi
ne the Arctic for the next century…
EXPANSION DU TOURISME DE CROISIÈRE DANS L’ARCTIQUE CANADIEN
: ANALYSE DU DISCOURS DES OPÉRATEURS POTENTIELS ET ACTUELS
par PIERRE-LOUIS TÊTU,
Mémoire , Faculté des études supérieures et postdoctorales
de l’Université Laval, Dpt.de Géographie, 2012, 159 p. Since
1995, the fast melting of the summer pack in the Canadian
Arctic precludes the possibility of increased tourism
shipping.
In this context of gradual reduction of Arctic Sea Ice, the Medias and
some researchers, given the strong popularity of cruises
around the Arctic, have been the spokesmen of an inevitable
increase in the Canadian Arctic. This research aims to
analyse the outlook for the tourist shipping in the Canadian
Arctic through representations it generates at different
scales. It appears strong mitigated opinions. On the one
hand, the owners and operators of cruise ships aren’t
interested in expanding their business activities due to a
variety of logistical elements, as well as passengers who
wish to preserve the intimate of those small expedition
vessels. On the other hand, local communities, struggling
with serious socioeconomic problems and eager for extra
income are strongly interested in the expansion of
industry…..
TOURISM DEVELOPMENT IN PERIPHERAL AREAS. Processes of Local
Innovation and Change in Northern Sweden by Patrick Brouder,
2013, Thesis, Department of Tourism
Studies and Geography, Mid Sweden University, Östersund,
Sweden, 106 p. Tourism has reached almost all regions of the
world and has had a notable growth in the peripheral regions
of Europe. Attempts at tourism development in rural and
peripheral areas have resulted in widely varying outcomes
and have often been undertaken as a last resort by
communities. Despite mixed results, tourism persists as a
tool for regional development. There has not been so much
research on the evolving nature of tourism entrepreneurship
in regions where tourism is relatively new as a
commercial/entrepreneurial activity, e.g., the rural and
peripheral north of Europe. This thesis presents Northern
Sweden as a regional case study but it is reasonable to
assume that the research results are transferable to similar
regions with a similar range of nature-based tourism in
small communities…
Regulation of Antarctic Tourism by Michelle Clarke,
16 p. Antarctica has been formally designated a “natural
reserve dedicated to peace and science” (Natural Environment
Research Council British Antarctic Survey, 2004
p.1).Antarctica has no permanent inhabitants, so instead it
has been managed for the past halfcentury through the
Antarctic Treaty System (International Association of
Antarctic Tourism Operators, 2005). With cooperation of
nearly 50 countries this area has and will continue to be a
unique and pristine environment. Checks and controls are
becoming more important with the increased number of people
visiting the Antarctic every year. (Natural Environment
Research Council British Antarctic Survey, 2004) The
Antarctic Treaty System “The improved technology and
knowledge of the last 100 years have allowed humans
greater…..
Tourism in Antarctica: History, Current Challenges and
Proposals for Regulation by Juan Y. Harcha, (2006). LLM Theses and Essays,
University of Georgia , 111 p.
As the Antarctic area has become an object of interest to
the whole of humanity, it comes as no surprise that every
season more people visit Antarctica to marvel at its
assorted fauna and stunning landscapes, to walk over its
ice-covered surface, to participate in a mountaineering
journey or any other nature-based activity. Thus, tourism to
the white continent has emerged in several countries as a
novel undertaking and a profitable business, contributing to
economic development…..

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